Fondements élémentaires


Les réalités élémentaires sont donc rythmées par ce qui est connu comme le Temps primordial, une variation du courant temporel affectant les Réalités primaires alternatives et que l'on peut qualifier de rythme minéral. Les entités ayant une quelconque emprise sur le Temps n'ont en ces lieux guère d'influence, et leurs pouvoirs s'en trouvent grandement réduit. Les puissantes créatures élémentaires règnent là depuis des millénaires, sans se soucier des affaires opposant Chronarques et Anachrons, imposant leurs lois à un environnement qui semble immuable.
Mais si l'influence du Temps est minimisée, elle s'exerce malgré tout, et affecte l’entièreté des réalités primordiales, amenant chaque être vivant vers une fin inéluctable. Et ainsi, certaines Puissances, certains peuples éoniens, tentèrent d'affecter cette force multiverselle au sein même des Fondements élémentaires, bâtissant des civilisations vouées à son contrôle ou à sa neutralisation.

Les Domaines primordiaux
On recense une dizaine de grands Domaines primordiaux, ainsi sont désignés les territoires élémentaires où des entités ont su maîtriser le Temps primordial, pour le ralentir ou l'accélérer, en tout cas pour en tirer parti. Les Domaines primordiaux furent mentionnés durant le Second éon, par les peuples arrivant du Distant Avenir et cherchant à remonter le cours du Fleuve du Temps. Ce furent essentiellement les Kynaraa qui amenèrent à la connaissance des autres peuples éoniens l'existence de tels domaines, car bon nombre parmi eux cherchaient à rallier leurs frontières avant d'entamer leur périple final vers l'Origine.
Les seigneurs élémentaires régnant en ces lieux sont des Quasi-puissances ne se distinguant en apparence en rien d'autres entités des Plans Primordiaux, leurs pouvoirs sont cependant plus complexes et empruntent de nombreux concepts chronomantiques. Les sages s'interrogent toujours sur le pourquoi de cette singularité parmi aussi peu de divinités élémentaires, une légende déjà considérée comme ancienne durant le Second éon parle d'une trève, après une longue guerre planaire, opposant des seigneurs primordiaux aux mythiques Zy'x, qui auraient vécus durant le Premier éon. Forts de connaissances faisant d'eux les égaux de tous les peuples éoniens, ces puissantes entités élémentaires auraient cependant fait le choix de rester au sein des Réalités Primordiales, pour y régner sans partage sur de vastes domaines.

Des Domaines Primordiaux, le plus connu des chrononautes reste celui d'Akai umi, l'Océan rouge du seigneur Nekuroo. Jadis un Archo-élémentaire de l'Eau, sa connaissance des forces du Temps lui permit de séparer un grand territoire où il accéléra sensiblement le Temps Primordial. Ses rivaux des Plans élémentaires en furent grandement affectés lorsqu'ils tentèrent d'envahir Akai umi, et très vite, le domaine devint un bastion à éviter pour les natifs des réalités avoisinantes.
A l'exception de teintes allant d'un léger carmin au pourpre le plus sombre, l'Océan rouge conserve toutes les propriétés primordiales de l'Eau, et il est possible pour des arpenteurs planaires de transiter sans encombre de ce domaine vers d'autres régions du Plan élémentaire. Il en va tout autrement pour les autochtones des réalités voisines, qui se heurtent à un flux temporel différent, provoquant de violentes distorsions, des déphasages et l'apparition dans des contrées étranges, toujours hostiles.
Nekuroo conserve la forme d'une trombe colossale, mais d'un écarlate profond. Il réside dans un palais de corail orangé aux dimensions colossales, et où se regroupe une cours formée d'entités singulières, anciens élémentaires d'Eau ayant juré allégeance à l'Océan rouge, mais également émissaires des autres Domaines Primordiaux. En ce lieu, le principal sujet de discussion reste l'expansion du domaine, non pas dans une perspective planaire, mais plutôt temporelle. Les Domaines Primordiaux semblent en effet suffisamment lié aux forces du Temps pour disposer de Réalités primordiales alternatives, aussi instables que les royaumes secondaires des Anachrons, mais néanmoins dotées de substance, et dont les habitants peuvent parfois même engendrer des Possibilités. Cependant, aussi puissant soit-il, Nekuroo n'est pas en mesure de façonner cette formidable énergie des possibles, il doit ainsi laisser naître des événements sur lesquels il chercher à exercer son autorité. La conquête temporelle de l'Océan rouge semble consumer toutes les ressources et l'attention du seigneur primordial qui se heurte à des variations de lui-même, généralement moins puissantes mais cependant redoutables.
Akai umi est considéré comme un point d'entrée dans les Domaines Primordiaux car le palais coralien de Nekuroo sait recevoir les voyageurs temporels, en mesure de pouvoir mettre leurs pouvoirs au service du seigneur, ne serait-ce que brièvement. Pour ceux qui cherchent fortune et gloire en ce lieu, il faut cependant rappeler que Nekuroo reste un archo-élémentaire, avec un mode de pensée frustre et sans finesse. Certains courtisans pourront par contre faire montre de duplicité, comme le Chambellan Nay't Aruuhl (pl Génasi de l'Eau ♂/Sorcier de l'Eau 13/ N), qui règne sur le palais et la métropole de Nek'suhuro, s'étendant sur le massif coralien. Rompu aux manigances des planaires, il négociera le moindre service contre connaissances et objets de pouvoir pouvant donner un avantage à son maître. A ses yeux, l'Océan rouge est une force notable pouvant amener un certain équilibre au sein des Domaines Primordiaux. Il juge durement ceux qui manipulent les forces du Temps, et regrette que Nekuroo fasse grand cas  des dons qui lui furent octroyés dans ce domaine.

Le Domaine Primordial de Nahaneth est sous la protection de l'archo-élémentaire Nahatlac, autrefois un puissant élémentaire de l'Air, désormais le maître des Cieux irisés. Nahatlac a consacré plusieurs millénaires à l'asservissement des Réalités primordiales alternatives rayonnant autour de son domaine. Plutôt que d'exterminer ses variantes temporelles, il les as assimilées grâce à un artefact découvert hors-du-temps, en un lieu dont seul lui connaît la localisation. La Grande roue de Nahatlac est désormais la base de sa vaste capitale céleste, le trône de son pouvoir, et aussi une prison pour ses variations temporelles. Bien plus puissant que ses pairs des autres Domaines Primordiaux, Nahatlac est une Quasi-puissance dont le pouvoir ne cesse de croître, et si ses ambitions se limitent depuis vingt millénaires à toutes les versions alternatives de Nahanet, il ne fait pas mystère de ses liens avec certains Anachrons, qui souhaitent partager avec lui des connaissances interdites sur le renforcement de ses frontières temporelles. Nahatlac est le seul archo-élémentaire a pouvoir prendre une forme anthropomorphique, haute de douze mètres, mais lui permettant de communiquer avec les émissaires de nombreux royaumes planaires. Bien que d'un caractère excessivement ombrageux, il apprend de chacune de ses relations avec les mortels liés au Temps, et peux maintenir longtemps l'apparence d'une divinité toute puissante, ce qui impressionne immanquablement ses invités.
La Grande roue de Nahatlac est le seul élément solide au sein du royaume, il s'agit d'un ensemble d'éléments taillés dans un cristal verdâtre, assemblés pour former un calendrier d'un diamètre de huit cent mètres, pour une épaisseur de soixante. C'est la volonté de Nahatlac qui la maintien en l'air, et pour ceux qui découvrent cette esplanade suspendue dans les Cieux irisés, l'absence de tout bâtiments peut surprendre. La Grande roue tient lieux de Pivot temporel, et lie ensemble toutes les Réalités primordiales alternatives que le puissant seigneur à su conquérir, pas moins de soixante-six dimensions où de vastes amas de nuages solides et aménagés en autant de palais sont ancrés à l'emplacement de la Grande roue, formant ainsi le plus large ensemble peuplé de tous les Domaines Primordiaux. Dénombrer les habitants de cette capitale multi-temporelle n'est pas chose aisée, des ensembles nuageux viennent régulièrement se greffer aux plus anciennes, et la relative fragilité de ce matériau de construction amène à de fréquents remaniements. Mais ce sont plusieurs centaines de milliers de créatures qui cohabitent au sein de différents quartiers, autour de la cours de Nahatlac.
L'opulence et l'étrangeté de la Grande roue ne doivent cependant pas faire oublier que tout un domaine s'étend au-delà des amas nuageux. Nahaneth fut jadis une région du Plan de l'Air, au sein de laquelle se livrèrent de grandes batailles, et de puissants vortex subsistent encore de ces conflits antiques, faisant des Cieux irisés une croisée planaire appréciée de nombreux arpenteurs. Pour la grande majorité des voyageurs, les ambitions temporelles de Nahatlac ne semblent être qu'une lubie à peine compréhensible et plusieurs amas nuageux sont également des ports marchands permettant à des flottilles de nefs volantes de se regrouper en marchés flottants. Il en va ainsi de Sek'selth, placé sous l'autorité de la Sage matronne Yegya Mirski (pl Kynoru ♀/ Négociante planaire 10/ Marquée/ CB), une marchande à la tête d'une famille contrôlant une quinzaine de navires ventrus, au sein desquels tous les produits exotiques de Nahaneth peuvent être troqués.


Le Nexus des Eléments infinis
Considéré par nombre de sages comme un phénomène planaire exceptionnel mais naturel, le Nexus et ses dimensions nexo-élémentaires enchevêtrées exerce une influence sur le Temps Primordial, et même sur le cours du Fleuve du Temps. Les rares connaissances héritées du Premier éon mentionnent à travers quelques bribes la formation du Dédale, et l'émergence d'embryons de nouvelles Réalités primordiales. Il n'est nul part mentionné l'existence de créateurs, qui seraient pour le moins des entités cosmiques, mais la manière dont est alors décrite la formation du Nexus semble aller dans ce sens.
Quoiqu'il en soit, dès le début du Second éon, des peuples s'affrontent pour le contrôle des dimensions nexiales. On sait que plusieurs Vagues kynaraa entreprennent un périlleux cheminement le long du Fleuve, par le biais de méandres instables, pour rallier le Nexus des Eléments infinis et s'approprier des dimensions comme les Larmoyantes ou les Prismes liquides. Quel intérêt ces nouvelles réalités ont pour les peuples du Distant Avenir? Cela reste encore un mystère, mais si désormais les N'uru'N semblent régner en maîtres sur  le Nexus, bon nombre de ruines et de sanctuaires éoniens se retrouvent disséminés à travers ces réalités nexo-élémentaires.
Les chronomanciens les plus pointilleux parlent d'un Temps nexiale pour caractériser les énergies uniques liées à cette force, qui ici est influencée par le phénomène planaire lui-même. Le Nexus reste unique à travers le Multivers, et ses ramifications dimensionnelles s'affranchissent du Temps, pour toucher toutes les Réalités primaires alternatives, mais également les Réalités primordiales alternatives. Les chrononautes sont nombreux à se risquer à travers le Dédale, afin de rallier les dimensions nexo-élémentaires où des peuples éoniens séjournèrent longtemps, allant même jusqu'à fonder de grands empires temporels.

C'est le cas des Morz, qui délaissèrent le Fleuve du Temps et les conflits entre éoniens, pour venir rapidement forger la Couronne de Mok'tunaal, une alliance de leurs sept-cent sept clans ayant remonté le Temps depuis le Distant Avenir, pour fonder de grandes métropoles planaires, aussi bien dans la région des Puisards gris qu'au beau milieux des Trombes. Bâtisseurs talentueux, maîtres d'une forme méconnue de dimensionnalisme, les Morz concentrèrent tous leurs efforts à développer rapidement un réseau d'arches planaires reliant les dimensions nexiales, mais permettant également de combiner leurs énergies si particulières lors de rituels prodigieux. Les ruines Mok'tunaal qui subsistent renferment des cryptes piégées où sont parfois découverts des artefacts puisant dans plusieurs forces locales pour engendrer des effets chronomantiques exotiques – Les trois Sourcières Xeniruu, découvertes par les serviteurs du Chronarques gris, peuvent par exemple capter la présence des variations temporelles de leurs porteurs, puis les intervertir brièvement avec ces derniers – Tout cela n'explique en rien pourquoi les Morz vinrent s'isoler en ces lieux, mais il apparaît qu'ils guerroyèrent jusqu'au dernier afin de tenir leurs places fortes au cœur du Nexus des Eléments infinis. 


Les Sentes élémentaires

Les arpenteurs planaires connaissent bien les chemins de traverse que sont les Sentes élémentaires, mais ils ne se doutent pas que ces chemins cachés forment également une version rudimentaire du Fleuve du Temps. Qui érigea de tels passages reliant les Plans élémentaires reste un mystère, plusieurs peuples éoniens s'en attribuent le mérite, mais des références anciennes au sein des dimensions primordiales prouvent que les Sentes existaient déjà durant le Premier éon. Peut-être se formèrent-elles spontanément... Quoiqu'il en soit, ces passages cachés au sein même des trames planaires forment un complexe et hasardeux cheminement temporel, faisant la transition entre le Temps Primordial et le Temps Oecuménique. Les Dissonances frappent sans prévenir, et toute une faune s'est adaptée aux conditions locales, guettant les imprudents pour se nourrir de leurs Possibilités.
Les Sentes élémentaires restent ainsi pour le chrononaute, comme pour l'arpenteur planaire, une solution risquée pour voyager rapidement à travers le Multivers, mais les très nombreuses zones d'affleurement entre ces chemins et les rives du Fleuve du Temps sont trop d'indices pointant vers une création consciente liée aux forces temporelles.

1 commentaire:

  1. Non mais qui veut de toute façon aller se faire cramer la relique dans des coins pareils?

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